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alain garo blogue

14 février 2007

Les soixante quatre cases ( titre provisoire )

                                                        Les soixante quatre cases ( titre provisoire )


                                                                           

                                                               

                                                                                PION

Ils sont tous là. Tournés dans l’ébène où dans le buis. Tous sont peut-être tournés vers la Mecque. Tous sont à leur place d’origine. Tous ont leur case de départ. Nous l’avons vérifié. La partie peut commencer.

Il y a … les quatre coins du monde.

Si le monde à quatre coins, c’est qu’il est carré.

Aux quatre coins du monde se situe un donjon. Deux tours noires, deux tours blanches.

Définies par ce sobre balisage, les soixante quatre régions de l’empire du jeu se partagent le combat. Oui le monde est carré, à défaut d’être sacré. Seules quelques habitudes de pensée et quelques vestiges archéologiques voudraient nous en faire croire le contraire..

Le cercle, le rond, la sphère, l’élipse n’interviennent dans ce monde que pour désigner une tête. Une tête idiote, stupide et aveugle, et même sourde. Une tête de pion. Une tête qui ne sait faire qu’un pas en avant. Egalement sourde à nos reproches, également fourbe, lorsqu’elle biaise en nous prenant par le travers de la diagonale..

Si vous devez croiser un jour une tête de pion, écouté mon conseil, changez de trottoir, changez de traverse, de colonne, de rangée, prenez la tangeante , partez comme un fou ! Elle vous tuera. Sa dangerosité est contenue dans son extrême modestie. On aurait tendance à l’oublier : d’où la formule célèbre : « merde, j’avait pas vu le pion ». Le pion est crucial. déterminant.. Le pion , c’est celui qui avance. Jamais ne recule. Il ne connaît que la progression, où la mort. Mais il est aussi la limbe, la chenille, qui contient en son cœur, une reine . Nous ne sommes pas au chapitre des reines, nous y viendrons. Plus tard.

Lorsque le temps se mesure en coups, on en prend plein la gueule. Il y a le coups du berger. C’est le temps des semailles, des grenailles et des paturages. Le temps de l’adolescence. Le coup que l’on joue en début de vie, en début de partie. Et puis on arrête. Il n’est pas bon, ou bien trop facile, de toute façon il ne marche pas. Il y a les coups tordus. Puis les coups bas. Les coups de bol ! Les coups qu’on avait pas prévu. Les coups doubles. Les fourchettes. Bon appétit…

Un pion seul, pas de pion. Un seul pion, tous les pions aurait put dire Picasso. Mais Picasso ne jouait pas vraiment aux échecs, il n’était pas Marcel Duchamp, il préférait jouer de la peinture, comme un gosse éternelle, un foutu adolescent qui joue de la guitare avant d’aller au boulot.. La peau du monde est tatouée d’une mosaïque de carreaux  noirs et blancs. Le pion c’est l’ouvrier, le prolétaire, le technicien de surface, le SDF des soixante quatre cases . Mais attention. Le pion est syndiqué. Si les pions marchent ensemble, cela fait beaucoup de monde dans les couloirs.. S’ils se mettent à former une pyramide,  alors, vous aurez bien du mal à les déloger. Les pions ne mordent pas : ils s’exécutent entre eux. Ils se suicident par ailleurs : comme le scorpion. C’est ce qu’on appelle le « sacrifice du pion ». Mais l’on peut tout sacrifier, même une reine.  Seul, le roi n’a aucun espoir de connaître le frisson du Kamikas, le désespoir du Fedhayne, le bonzaï du Zéro. Le roi ne se sacrifie pas. Parce qu’il est l’essence même. Sans le roi, plus d’espace ; et plus d’espace, plus de temps et plus de coups ; plus de jeu. Le roi ne connaîtra jamais la sensualité des milles pucelles. Moi, je ne connais qu’une vierge. Elle s’appelle Marie. Mais nous ne sommes pas au temps des vierges ni au chapitre des rois. Nous y viendrons. Plus tard.(salut)

Prenez un pion, en passant. Prenez un con par exemple. Vous devez en connaître un évidemment, allez. Prenez un con et mettez le en  D3 ou en F4 comme il vous sembles, comme cela vous chantes. Lui, le pion, ne chantera pas. Les pions ne chantent jamais. On ne leur a pas appris la musique puisqu’ils sont sourd et muet ( voir précédemment, mais je vous prévient que je ne redirai pas quinze fois la même chose, soyez vigilant).Que va t-il faire ce pion ? Il va vous emmerder. Obligatoirement. Car s’il n’était pas là, sur cette case, en C3, vous auriez déjà sorti le cavalier, pur sang. Vous lui auriez déjà fait faire un petit tour d‘équitation, je veux dire trois tours de terrain, un petit jumping, et hop. Rentré vers dix neuf heure, une bonne douche, un whisky , le labrador, la cheminée, une odeur de cuisine, une odeur de jupon qui flotte autour d’une reine qui n’attend que çà ! Le pion est contre le bonheur. Tout comme le con d’ailleurs. C’est grave ! Il est jaloux de tout, de tous, jusqu'à être jaloux de lui même. S‘il est noir, il voudrait être blanc. S’il était blanc…vous me comprenez..

Alors voilà. Vous l’avez compris : je déteste les pions. Surtout les blancs. Et pourtant dieu sait que je ne suis pas raciste. Pourquoi les pions nous emmerdent ? Parce que ce ne sont que des pions. Ils ne font pas joli sur l’échéquier de la vie. On s‘en passerait bien. Il n’ont pas l’air extraordinaire, eux. Avec leur bouille toute ronde, pas de lèvres, pas de dents ! Tout juste cette frêle corpulence qui nous encombre les cases et nous grignote le cerveau. Cet air de faux jeton qui se serait trompé de jeux, de session, trompé de plateau, trompé de passion. Voilà ! pourquoi les pions nous emmerdent.

Ils sont envahissant. Mais pourrait-on imaginer un monde sans pions, où il n’y aurait que des reines ? Des Margarette Tatcher, des Ségolènes Royales. Des Catherine  Deneuve où de Russie ou bien encore de Médicis où même des Catherine de Sienne… tiens des reines saintes pourquoi pas ; Ne rêvons pas. Pourrait-on imaginer un monde de chevaux qui ne respectent que la course ? Pourrait-on imaginer un monde de fou qui ne respectent que l’amour. L’amour fou. L’amour aveugle! L’amour qui dérange, l’amour qui fait peur. Nous ne sommes pas au chapitre des fous, encore moins au chapitre de l’amour. Nous y serons plus tard. Je vous préviendrai.

Nous ne sommes encore que chez les pionnard dans l’ascenseur de cette divine comédie. Les pions sont comme les flics : Comme ils ont peurs, il naviguent par deux. L’un doit toujours s’appuyer sur l’autre. C’est comme çà.  Ils sont unijambistes. Il en faut au moins deux pour faire un. Il paraît que c’est une spécialité  mathématique. Je vous avoue que je n’y comprends rien. Il n’y a que les reines qui peuvent s’offrir les plaisisr de la solitude et des grands espaces. Mais nous ne sommes pas au chapitre des reines. Je vous préviendrai, nous y viendrons.

C’est faux de dire que chez les pionnard ont ne boit que du pinard. C’est de la désinformation. Car j’en ai connu qui ont bu la tasse, qui ont mangé du plancton. Cà c’est un naufrage. Embarqués dans une série d’échange alors que de toute façon ils se dirigeaient vers Cythère, dans une mer noire et même blanche. Une vrai tempête, un road movie en pleine dépression, un polar funeste. Dieu était-il devenu fou. Les carottes était- elles vraiment cuites, où bourrées seulement ? Et c’est le carnage, la chute, le carton rouge… sortie de terrain. Les pions passent leur mort sur les quatre bords du monde, je veux dire sur au bord du plateau. Comme ils n’ont pas de regard, ils ne peuvent contempler la fin de partie et ne sauront jamais si leur mort avait un sens. Ni leur vie. Mais on ne trouve de sens que dans la lutte, dans la partie. Le pion lutte parce que c’est son destin. Avons nous le droit de réfléchir à nos destins ? Le pion, ce con, ne réfléchit à rien. Il offre son crane chauve aux doigts qui s’en saisissent. Et le conduisent à la boucherie. Le pion blanc se marie bien avec la viande de taureau. Les « corronès ». Le pion blanc aime la corrida. Holé. Le pion blancs se découpent en fines lamelles, comme les champignons de Paris. Huile d’olive, coriandre, thym. C’est tout. Gouttez. Vous Verrez.

Le pion noir est un salaud qui voudrait devenir riche. Accompagnez le d’un saumon sauvage. Il vous rendras tout son sang. Les pions ont l’esprit militaire. Heureusement, il en faut. Car la vie est une guerre et nous avons besoin de fantassins. Le pion a l’esprit monastique : tous ensemble cultivons nos oignons mes frères, dans l’allégresse et la louange de Dieu. Heureusement, il y a les moines. Il en faut. S’il n’y avait que des reines… Mais nous en reparlerons. Je vous ai parlé des pions Je ne vous ai pas encore parlé des pionnes il me semble. Les pionnes n’existent pas sur les soixante quatre cases. Elles sont en dehors du jeu. Les pionnes ne joue pas. Elles regardent. Les pionnes matent. Elles s’enrichissent. Elles s’intellectualisent.  Et apprennent  qu’il n est pas aisé de briller durablement. Bref, les pionnes sont généralenent blondes.

Les pionnes sont en général court vétue.( ma prof de math en quatrième). Une pionne peut produire des frissons. Une pionne, rien qu’une pionne, peut déstabiliser un adversaire avertit, bouleverser la partie. Attention je n’ai pas dit qu’une pionne était une conne. Pas question. Je ne fais pas dans les rimes à deux balles. Je veux gagner de l’argent.  Il suffit parfois d’un regard, d’un parfum, d’une rousseur, d’un genou. Eux , les pions, n’ont pas de genoux. Les pionnes oui, donc attention.

Je vous parlerai plus tard des espionnes. Mais pour le moment nous n’en sommes qu’aux chapitre des pions.

                                                            LE CHEVAL

Je ne vous ai pas encore tout dit sur les pions, mais j’y reviendrai. Souvent.

Je dois maintenant vous faire le portrait psychologique du cheval. Il est noir où blanc.

Il n’y a pas de chevaux pie aux échecs. Cela représenterait trop d’inconvénients. Ce sont plutôt des chevaux arabes. Des pur-sang. Je veux dire, de pur sang arabe. Pas très grand. Très nerveux. Sculptés. Flambants.  Les crinières sont taillées à la lame. Les oreilles sont pointues comme des cornes. Le nez busqué s’évase en se finissant. La bouche est un trait de scie. Il ne lui manque plus que le sabre, et la parole peut-être. Le cheval est un cavaliéro . Il se déplace en sautant. Aucune hauteur ne lui résiste. Il se rit des plus hautes tours. Le cheval est un avion. Encore une fois : Attention. Car le cheval est aussi un trident. Je m’explique. Il est capable de part ses possibilités de déplacement de vous capturer à sa guise, l’un ou l’autre des soldats que vous aurez eu la négligence d’abandonner dans l’une où l’autre des huit régions que lui propose sont parcours. Galopant par dessus les volcan , trottinant avec Nietzsche sur la grève. Caracolant en tête du classement : « A moi Boulogne, à moi Vincennes, à moi le grand prix d’Amérique et celui de Deauville ». Je n’aime pas l’Amérique, ni Deauville. Vous l’aurez compris : je n’aime pas non plus particulièrement les chevaux. Ou bien alors, de loin. L’odeur du foin souillé de pisse ne flatte pas mes narines . Désolé. Je préfère l’iode des océans. Le cheval est capricieux. Il tire. Mais s’il est un peu blessé, vous arriverez à le capturer avec un simple pion. Nous ne sommes pas au chapitre des pions. Restez attentif. Le cheval peut aussi se prendre au lasso d’une reine, voir d’un fou. Le cavalier protège les pions. Ces misérables. C’est souvent eux qui leur donne l’ordre d’avancer. Au combat. Les cavaliers ont pour tache de faire durer les pions le plus longtemps possible. Jusqu’à ce que l’un d’eux vienne attérir inopinément en C7, provoquant la fourchette entre votre tour et votre roi. Echec Il n’est plus temps de rire Le cheval est une arme offensive. N’attendez pas des quatre chevaliers de l’apocalypse qu’ils vous fassent le moindre cadeau. Vous avez assez péché. Ne dite pas le contraire, si vous savez lire cela veut dire que je vous connais. J’en connais aussi qui auraient donné leur empire pour un canasson. La pauvre bête. C’est malheureux. Voyez Napoléon, la grande retraite, le roi hivers, manger ses propres chevaux avant d’aller crever dans la neige en dégeulant parmi les excréments. On ne sacrifie le cavalier que si la victoire est décisive, absolue, incontournable. Qui sait si ce ne sont pas eux les gardiens du royaume ? Voyez Don Chichotte  gardien de l’absurdité, dernière station avant la déraison. Observé bien la statue équestre d’Alexandre, le grand, et vous remarquerez combien sa monture est puissante, elle s’impose.  « J’irais comme un cheval fou » disait Arrabal. On l’a vue. La guerre d’Espagne, le franquisme, le fascisme, les arnars, un bain de sang. Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses, je te dis de vivre et d’avoir un enfant. Le sang est rouge lorsqu’il coule, mais au soleil, il devient noir en séchant. Les chevauox peuvent être affublés de toutes sortes de noms. Belle de mai pour une jument qui galope est très courrant. CAC40 se porte plutôt bien pour un pur sang. A longchamps, sous les voilettes ou derrière les verres progressifs, il y a de l’émotion. L’appartement de grand maman, le soixante pied open de papa, merde, la Ferrari de Julien. Notre maison sur l’ile au moines. Nos vacances à Singapour, Hiroshima mon amour…Sous les molesquines, sur le cuir des Bentley, dans les ascenseurs extérieurs et miroités, dans les ministères, dans les monastères comme le dirait Bertrand Canta, on a des pensées équestre figurez vous. Un cheval, c’est quand même de l’argent. Il y a ceux qui jouent aux chevaux, il y a ceux qui jouent aux petits chevaux, il y a ceux qui jouent aux jeux d’argent et il y a ceux qui jouent aux échecs , bien sur il y a aussi ceux qui jouent aux dames, je serait bien de cela… voyez vous ? Pardonnez moi si je préfère les jeux d’amour. Mais nous ne sommes pas au chapître de l’amour. Je crois que je me répète, mais nous y parviendrons, nous y arriverons, avec moi vous pouvez enfin être sur. Saint-Exupéri aurait été bien emmerdé s’il lui avait été demandé de représenté un cheval à la place d’un mouton. Un mouton, c’est facile. Essayez d’enfermer un ponant dans une boite à chaussure, qui plus est ; en carton. C’est pas gagné, la littérature. Et puis il y a Troie. Et il y a Ulysse. Je ne me prend pas pour James Joyce. Il n’y aurait pas de littérature s’il n’y avait pas un peu de modestie. Soyons modeste, même si nous ne sommes pas encore au chapitre des modestes, je vous parlerai de la modestie, un peu plus tard, c’est promis.

Je ne tiens que rarement mes promesses. Tout comme « partir gagnant » qui a fait une chute dans la cinquième, à Vincennes figurez vous. C’est rageant. Sans doute n’avait-il pas vu la reine, toujours planquée en embuscade. Mais revenons à notre histoire : Ulysse, ce retour à Ithaque qui ne vient pas. Ces troyens qui n’en démordent pas. Ces amazones au sein coupé. Souvenez vous des amazones Elles surfent sur les croupes et vous offrent une cure de santé. Le cheval est là. Les cavaliers sont à l’auberge. Ils boivent. Moi, j’irai comme un cheval saoul, à la recherche d’un monde perdu. Quand je l’aurait trouvé, j’en dessinerai la carte et la donnerai à mes valets d’écurie .  .

   

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9 février 2007

Haïku

A trop regarder la mer,

les yeux se remplissent d'eau

et les larmes de ton corps

retournent à l'océan.

7 février 2007

arabesque

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